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           JUDO HISTORIQUE et CONFERENCE
 
 

Historique judo kodokan


  LA METHODE KODOKAN JUDO KANO

Le judo crée par Jigoro Kano au Japon

1) VIE ET BIBLIOGRAPHIE: QUI EST JIGORO KANO (1860 – 1938)

Président du Kodokan (Institution pour l'étude et la pratique du Judo)
Premier fondateur du Judo et du Kodokan
Président Honoraire de l'Association Athlétique d'amateurs du Japon (fondateur et ancien Président)
A l'époque de la naissance de Jigoro Kano, le Japon fut témoin de nombreux changements révolutionnaires : fin de l'ère de EDO, début de celle de MEIJI. La nation rejette les cultures et institutions anciennes et se tourne vers la culture des pays avancés (Europe et Amérique).
Jigoro Kano naît à Mikage, près de Kobe, en 1860. Son père faisait partie d'une famille de prêtres Shinto et sa mère d'une famille de riches commerçants. Elle meurt en 1869. En 1871, Jigoro Kano déménage à Tokyo pour rejoindre son père. Cette époque marque un rapide déclin des arts martiaux. De plus, une ordonnance interdit aux samouraïs le port du sabre. Il reste donc très peu de professeur de Jiujutsu.

Cependant Jigoro Kano petit et faible voulait devenir fort. Ayant entendu parler de jiujutsu, méthode par laquelle un homme de faible force pouvait battre un homme beaucoup plus fort, il étudie différents jujutsu et créé sa méthode : Kodokan Judo Kano.

A Tokyo, Jigoro Kano fait des études de langues étrangères, de sciences politiques, économiques et de philosophie. Il devient professeur en Sciences Politiques et Économiques, puis Directeur de l'Ecole Normale Supérieure, et Directeur du Bureau des Études Générales au Ministère de l'Education. Il devient également conseiller au Ministère de l'Education et membre de la commission d'enquête sur l'éducation. Il fait des voyages d'étude des systèmes éducatifs européens et chinois. Il voyage à Paris, Londres, Anvers, Berlin, Bruxelles, Prague, Vienne, New York, Chicago, Washington, Shanghai.

Parallèlement, il devient membre du Comité International Olympique.

Au cours de son séjour à Paris, il rencontre Ferdinand Buisson, Professeur en Sciences de l'Education à la Sorbonne avec lequel il restera en relation. Ferdinand Buisson est un fervent défenseur (aux côtés de Jules Ferry) d'une «morale laïque », qu'il oppose à la morale telle que les religions l'envisagent.

A Berlin, Jigoro Kano fait la connaissance de Rudolf Von Gneist, juriste allemand et fervent défenseur d'un État de droit qui s'oppose, aux côtés de Bismarck, aux idées des catholiques et aux sociaux-démocrates.

En 1924, il est nommé Professeur Honoraire à l'Ecole Normale Supérieure et membre de la Chambre des Pairs du Japon.

Jigoro Kano meurt sur un bateau revenant du Caire, qui le ramène au Japon en 1938.

2) DECOUVERTE ET BUT DE LA METHODE JUDO KODOKAN KANO

Jigoro Kano était de petite taille et de faible constitution. Pour pallier à cela, il s'adonna à l'étude des sports tels que la gymnastique et le base-ball, puis différents jujutsu (jujutsu et non jujitsu. jutsu= art, technique et jitsu= vérité, réalité). il rencontre Teinosuke Yagi qui lui enseigne les rudiments du jujutsu. Plus tard il étudie sous la direction de Hachinosuke Fukuda et Masatomo Iso la méthode tenjin shinyo kuy (spécialisé en shime waza, kwansetsu waza et osaekomi waza), puis avec Tsunetoshi Tikubo la méthode de kito ryu (spécialisé en nage waza et en combat en armure). Il fut initié aux secrets des deux écoles.


En étudiant les jujutsu, il se transforme : physiquement et physiologiquement. Son corps se modifie, il devient plus fort, plus souple, plus agile et résistant. Il se sent à l'aise, mieux avec lui même et avec les autres. Il n'a plus peur des confrontations et il a plus d'assurance. Il se découvre capable d'accueillir l'autre sans être a priori ni défensif, ni agressif et capable d'apprécier la compagnie des autres, la discussion, et la collaboration.
Il découvre ce qui va devenir le fondement de sa méthode, le principe universel: le meilleur emploi de l'énergie.
Le cours de l'évolution du judo depuis le jujutsu est décris par le professeur KANO dans une de ses premières conférences qu'il fit à ses élèves en 1898. Quelques extraits : « j'étudiais, dit-il, le jujutsu, non seulement parce que je le trouvais intéressant, mais aussi parce que je comprenais qu'il était le moyen le plus efficace pour l'éducation du corps aussi bien que de l'esprit. Et, de ce fait, l'idée m'est venu de le propager partout. Mais il était nécessaire d'améliorer le vieux jujutsu pour le rendre accessible à tous, parce que l'ancien style n'était pas prévu ni imaginé pour l'éducation physique ou morale et la culture intellectuelle. Sachant que chacune des écoles de jujutsu avait ses qualités et ses défauts, j'en conclus qu'il serait nécessaire de refaire le jujutsu même comme art de combat. Ainsi en prenant à la fois toutes les choses intéressantes que j'avais apprises dans les différentes écoles et en y ajoutant mes propres inventions je fondais une nouvelle méthode pour la culture physique et l'éducation mentale aussi bien que pour vaincre en combat.
En 1882, il crée la méthode qu'il appelle Judo Kodokan, bien qu'il trouve le titre un peu long. Le mot «Kodo» veut dire apprendre, prouver et pratiquer le principe et «kan» veut dire endroit, lieu. J. Kano tenait à ce nom « Judo Kodokan» pour faire de ce principe un objectif principal de vie pour apprendre. Cela était un peu long et J Kano l'a baptisée Judo.

Vers 1922, la Société Culturelle du Kodokan fut fondée et un mouvement social était lancé sous les devises «SEIRYOKU ZEN YO», le maximum d'efficacité et «JITA KYOEI», prospérité et bienfait mutuels. Le judo Kodokan de Kano doit conduire les pratiquants à observer ces principes.

Pourquoi Jigoro Kano a choisi pour nom de sa méthode judo plutôt que jujutsu?

J Kano dit: Parce que ce que j'enseigne n'est pas simplement jutsu ( art ou pratique). Bien sur j'enseigne Jutsu, mais c'est sur DO (voie ou principe) que je voudrais insister spécialement. A présent il est commun pour les gens de dire judo pour jujutsu. Mais, avant que je ne commence à enseigner mon Judo, le terme n'avait été accepté que par une seule école, la Jikishin ryu. La raison pour laquelle je ne pouvais pas adopter totalement un nouveau nom est la suivante : le Judo Kodokan que j'enseigne a, comparé avec l'ancien jujutsu, des visées plus vastes et différentes en technique, de sorte que je pouvais bien lui donner un nouveau nom. Mais après tout il est généralement basé sur ce que j'ai appris des anciens maîtres, aussi je ne trouvais pas bien de lui donner un nom entièrement nouveau. Il existe deux autres raisons pour lesquelles j'évitais le terme (jujutsu) :
L'une est qu'il y avait des écoles de jujutsu qui souvent se laissaient aller à pratiquer de violentes et dangereuses techniques, en projection ou en torsion de bras et de jambes. Voyant ces choses, beaucoup de gens en venaient à penser que le jujutsu était malfaisant. Et aussi, dans certaines salles d'exercice où la surveillance était insuffisante, les élèves seniors, bousculaient en s'amusant les élèves juniors et quelquefois même leur cherchaient querelles, de telle sorte que le jujutsu était méprisé et regardé comme une chose pouvant avoir une influence néfaste sur un jeune homme. Je voulais démontrer que ce que j'enseignais n'était pas une chose dangereuse et ne pouvait nuire à qui que ce soit. Cela n'était pas le jujutsu comme il était enseigné par certains, c'était le Judo, une chose entièrement différente.
La seconde raison est celle-ci : lorsque je commençais à enseigner le jujutsu était tombé en discrédit. Quelques maîtres de jujutsu gagnaient leur vie en organisant des troupes composées de leurs disciples et faisaient des combats exhibitions, pour lesquels l'entrée était payante. D'autres allaient jusqu'à se faire les acteurs de combats entre lutteurs professionnels de sumô et pratiquants de jujutsu. De telles pratiques dégradantes prostituaient un art de combat et me répugnaient. C'est pourquoi j'évitais le terme jujutsu et adoptais Judo à sa place. Et, pour le distinguer de l'école de Jikishin ryu qui employait aussi le terme Judo, j'appelai mon école le Judo Kodokan bien que le titre soit un peu long.
Le jujutsu est l'étude technique, alors que le judo est l'étude de la voie. L'étude de la voie est plus importante que l'étude de la technique, par l'étude des aspects moraux du judo «éducation de l'esprit». Ce qui est plus important que les méthodes de combats, car c'est le principe et l'idéal du Judo: «Maximum-efficacité» et «bien-être et avantage Mutuel».
Cela permet d'améliorer l'homme et contribue ainsi à une humanité meilleur pour la paix dans le monde.


Qu'est ce que la méthode judo Kano Kodokan?
Tout le monde ou presque croit connaître ce qu'est le Judo (Kodokan judo Kano). Le Judo est compris par la majorité des personnes, pratiquantes ou non soit:

- comme un sport ( jusqu'au plus haut niveau J.O, championnat du monde...)
-comme un moyen de défense
-comme une éducation physique (pour rendre le corps humain fort, sain et utile)
- comme une formation morale
-comme un moyen de perfectionnement (travail sur soi et fortifier son esprit)
-comme un moyen de culture -comme un art (martial)

Toutes ces pratiques sont possibles, mais ce ne sont que les moyens du judo et non le but.
Malheureusement les médias ne parlent du judo que comme sport et l'opinion publique adhère à cette idée.
Le combat n'est pas, pour Jigoro Kano l'objet principal de la méthode qu'il crée, mais seulement l'une de ses racines, l'un de ses aspects.

Le judo est la grande voie de l'univers qui peut s'appliquer à tous les domaines alors que le budo ou jujutsu ne sont que des applications de ce grand principe.

Le Judo de J Kano est la voie de l'utilisation la plus efficace de l'esprit et du corps, un principe invariable pour réaliser au mieux toutes choses dans tous domaines.

Le judo est donc un principe universel qui peut s'appliquer à toutes choses de la vie et dans tous les domaines : affaires, travail, habillement, relation humaines etc...
Le Judo vise à changer l'homme physiquement et mentalement et à comprendre que les principes de la pratique du judo sont les mêmes que ceux qui régissent la vie humaine.

«Pour comprendre vraiment ce principe, il n'est pas nécessaire de passer par l'entraînement concernant les méthodes d'attaque et de défense, mais comme je suis arrivé à concevoir cette idée par le moyen de l'entraînement dans ces méthodes, j'ai pensé qu'il en serai de même pour toutes les personnes.» Jigoro Kano

Jigoro KANO a pensé qu'il serait plus efficace pour comprendre ce principe de commencer par l'étude de l'attaque et de la défense en rendant le corps sain, fort et utile par les exercices du randori et du kata.
Mais cette formation est valable pour toutes les circonstances de la vie et son principe d'utilisation efficace de l'énergie. Une fois qu'on a bien compris l'importance réelle de ce principe, le judo peut être appliqué à tous les aspects de la vie et nous permet de mener la vie la plus haute et la plus rationnelle.
Le judo devrait enseigner et donner l'habitude de maîtriser l'adversaire, non en dépensant son énergie d0'une façon anarchique, mais de façon la plus efficace. En utilisant toujours la force de la façon la plus juste, la plus rationnelle et sans le moindre gâchis. Pour cela il faut agir de façon à utiliser la force là où l'autre est faible. Il s'agit non pas d'utiliser la force de l'autre, mais bien la sienne propre (et le moins possible de celle-ci) là où le partenaire, aussi puissant soit il, est plus faible que soi.
Le judo est expliqué d'une façon générale par le principe de JU (souplesse), supposons que nous estimons la force d'un homme en unité. Disons que la force d'un homme debout devant moi est représentée par 10 unités et la mienne par 7 unités. Maintenant, s'il me pousse avec toute sa force, je serai certainement repoussé en arrière ou renversé, même si j'utilise toute ma force contre la sienne. Mais, si au lieu de m'opposer à lui, je laisse la voie libre à sa force, en retirant mon corps, juste à l'instant où il pousse le plus, en prenant garde en même temps de conserver mon équilibre, alors naturellement il se penchera vers l'avant et ainsi perdra son équilibre. Dans cette nouvelle position il peut devenir si faible, non pas dans sa force physique, mais de par cette position défectueuse, que sa force ne sera plus représentée que par 3 unités seulement, au lieu de 10 unités normalement. Alors en conservant mon équilibre je peux garder ma force totale qui était au début représentée par 7 unités. A ce moment, je suis dans une position supérieure à la sienne et je peux battre mon adversaire en utilisant seulement la moitié de ma force; c'est-à-dire la moitié de mes 7 unités, soit 3 unités et demi contre les 3 siennes.
Cette façon de n'utiliser que la moitié de ma force est valable pour n'importe quelle situation. Si j'avais une force plus grande que celle de mon adversaire je pourrais assurément le repousser en arrière. Mais, même si je le désirais et avais le pouvoir de le faire, il serait encore préférable pour moi d'abord de céder. En faisant cela j'économiserais grandement mon énergie et épuiserais celle de mon adversaire. Ceci n'est qu'un exemple qui montre comment, en cédant, un combattant peut vaincre son adversaire.
C'est ainsi que le mot JU (qui signifie souple ou céder) devint le nom de l'art tout entier. Mais la façon d'obtenir une victoire sur un adversaire par le jujutsu n'est pas restreinte à obtenir une victoire simplement par le «céder». Nous devons quelquefois frapper ou étrangler en combats, cela est en contraste avec le «céder».
Ces formes-là sont des formes d'attaques directes. Quelquefois un adversaire saisit un de vos poignets. Comment peut-on se dégager sans utiliser notre force contre l'étreinte de notre adversaire? Ainsi le principe de céder ne peut couvrir toutes les méthodes utilisées en combats de jujutsu.
Le seul principe qui couvre tous les «champs» est le principe du «Maximum d'efficacité de l'utilisation de l'esprit et du corps». Cela peut être appliqué aux perfectionnements des institutions, de l'habillement, du logement, des relations sociales et des méthodes de travail, constituant ainsi une étude d'un art de vivre. J. Kano a donné à ce principe tout-puissant le nom de Judo. Ainsi le Judo dans son sens le plus complet est une étude et une méthode d'entraînement de l'esprit et du corps aussi bien qu'une règle de vie ou d'affaires.
Jigoro Kano explique «prospérité et bienfait mutuels» : «le principe du maximum d'efficacité lorsqu'il est appliqué à l'élévation ou à la perfection de l'esprit et du corps dans la science de l'attaque et de la défense, demande en premier, ordre et harmonie entre tous les membres d'un groupe et ceci peut être atteint par l'aide et les concessions mutuelles menant à la prospérité et aux bien fait mutuels».
Le but final du Judo par conséquent est d'inculquer dans l'âme de l'homme un esprit de respect pour les principes du maximum d'efficacité et de prospérité et de bienfaits mutuels, le menant ainsi à les pratiquer. Il est peut être difficile de dire que le principe «prospérité et bienfaits mutuels» peut être maîtrisé directement à travers l'étude et l'entraînement en Judo. On peut dire que le Judo est fondamentalement un art de combattre et son objectif est de vaincre en se défaisant d'un adversaire. Dans ce sens-là le principe peut sembler incongru et être tiré par les cheveux, mais «prospérité et bienfaits mutuels» est la phase qui représente le «domaine de l'idéal» du Judo Kodokan, le but suprême, lequel peut être atteint seulement par ceux qui ayant entièrement maîtrisé l'art et l'esprit de combattre ont dépassé toutes notions de victoire et de défaite.


3) COMMENT PRATIQUER LA METHODE JUDO KANO KODOKAN

Jigoro Kano propose quatre éléments de pratiques pour que le judo soit source de bienfait.

1) KOGI : cours magistral, conférences, explications sur la technique du judo, la philosophie, politique, société, randori, attitude, éthique, éducation, discours moral, principe d'une technique, sens du kata, sens du judo, la bonne façon de se comporter dans la vie en tant que membre du Kodokan ou en tant qu'homme. J Kano propose des kogi pour ceux qui connaissent le judo et des kogi pour informer les personnes qui ne pratiquent pas.

2) MONDO : exercices de questions réponses. Les élèves et les professeurs posent et répondent aux questions. Cela permet de vérifier si les pratiquants ont compris et de mesurer le degré de connaissance dans l'étude du judo.

3) KATA : série de techniques dont l'ordre et les situations sont codifiées. En pratiquant le judo comme méthode d'attaque et de défense, il ne faut pas négliger les moyens de maîtriser ou de tuer l'adversaire. Dans le randori tout ce qui est dangereux est interdit. C'est par le kata qu'on peut s'exercer à ces aspects (atemi, attaques avec armes...) avec peu de risque de blessures. Il permet d'habituer le corps aux attitudes, déplacements et gestes du judo. Tout ce travail technique dépend de la connaissance de celui qui le transmet.

4) RANDORI : cela fait travailler tous les muscles et permet de s'adapter aux circonstances, le randori est une éducation physique et un exercice aux méthodes de combat. Les deux partenaires essaient de mettre en application les principes du judo en respectant les consignes (respecter la posture shizen-tai, les étapes de la projection : kuzushi, tsukuri, kake, interdiction des techniques dangereuses, avoir une bonne attitude et un bon comportement) sinon rien n'est codifié, chacun étant libre de ses attaques et défenses. En randori, le choix de la faiblesse est essentiel. Il ne s'agit pas de s'imposer à l'autre par la puissance musculaire. Il convient de chercher d'autres voies, plus élaborées qui toutes doivent répondre au principe : seiryoku zen yo (bonne utilisation de l'énergie). L'exercice qui consiste à ne pas opposer la force à la force est particulièrement difficile dans une situation de corps à corps, quand le poids, la force, la taille de l'autre s'imposent. C'est la situation la plus difficile que l'on puisse rencontrer et c'est dans cette difficulté maximale qu'il convient de trouver des solutions. Combattre sans utiliser sa puissance physique est un exercice subtil, difficile.
Le randori consiste à trouver des solutions techniques aux problèmes posés par l'autre, en fonction de son propre niveau d'expérience, d'habileté technique et physique...
Il y a 3 façons de faire randori :
Avec partenaires de niveaux inférieurs : l'idée doit être d'aider son partenaire en contrôlant les techniques de façon à ce que les chutes ne soient pas désagréables tout en améliorant l'efficacité de ses techniques et en étudiant de nouvelles prises gokaku geiko (attaquer avec beaucoup de techniques variées).
Avec partenaires niveaux équivalents : travailler dans l'esprit du randori mettre toute son énergie dans l'attaque; hikitate geiko (attaquer avec toute l'énergie)
Avec partenaires de niveaux plus élevés : ne pas utiliser sa force pour bloquer ou résister, mais seulement dans l'attaque. Cela sans tenir compte des projections que le partenaire peut réaliser shite geiko (attaquer sans crainte, le partenaire peut contrer ou attaquer).

«SERMENT EN CINQ POINTS » Serment que Jigoro Kano établit en 1884
Tout nouveau venu doit signer de son sang sur le registre:
1° Je franchis aujourd'hui la porte, et, priant les professeurs de m'enseigner le judo, je jure de ne pas en arrêter la pratique arbitrairement.
2° Je jure qu'en aucune façon je ne déshonorerai le dojo.
3° Je jure que, sans permission, je ne dévoilerai les secrets à des personnes extérieures ni par la parole ni par la démonstration.
4° Je jure de ne pas enseigner le judo sans permission.
5° Je jure de respecter toutes les règles scrupuleusement pendant mon apprentissage et, bien évidemment, devenu professeur après en avoir reçu la permission, de ne pas m'en détourner.

LE GRADE
Le grade représente une expérience accumulée et validée associée à un niveau de compréhension de la discipline qui dépasse le cadre de son application technique. Le grade représente d'une part, le travail fait sur la technique et d'autre part, le travail accompli sur soi-même.
La division entre « gradés » et « haut gradés » se situe au niveau du sixième dan. Jusqu'au sixi0ème dan, la pratique doit consister à la fois à polir la technique et à travailler sur la proportion de force.

LA COMPETITION
Gagner ou perdre : pour qu'il y ait victoire le perdant ne doit pas être vaincu mais convaincu.
Le combat n'est pas, pour Jigoro Kano, l'objet principal de la méthode qu'il crée, mais seulement l'une de ses racines, l'un de ses aspects, pour faciliter l'accès du pratiquant à la compréhension des principes (adaptation, meilleure utilisation de l'énergie).

5) PHRASES ET MAXIMES

Jigoro Kano a défini le judo par deux maximes:


-«SEIRYOKU ZEN YO»: utilisation optimum de l'énergie
- «JITA KYOEI»: entraide et prospérité mutuelle.

«Existe-t-il un principe qui s'applique réellement à tous les cas ? Oui, il y en a un ! C'est le principe de l'efficacité maximum dans l'usage de l'esprit et du corps. J'ai donné à ce principe d'une absolue généralité le nom de judo». Jigoro Kano



Jigoro KANO a formulé ce principe sous la forme suivante "le développement harmonieux d'un groupe humain n'est possible qu'au prix de concessions mutuelles".

Le judo permet d'assurer non seulement les progrès de l'individu, mais aussi ceux d'un groupe humain ou de la Société.

Le Judo peut être considéré comme un art ou une philosophie de l'équilibre, aussi bien que comme un moyen de cultiver le sens et l'état d'équilibre.

Le judo, sous un de ses aspects, peut être étudié et pratiqué avec pour objet l'attaque et la défense, mais l'étude du principe dans toute sa généralité est plus importante que la simple pratique du combat (jujutsu).
Le Judo est un art et une science. Il doit être tenu au dessus de tout esclavage artificiel et doit être libre de toute influence financière, commerciale et personnelle. Les nouvelles inventions doivent devenir des connaissances communes.

Le Judo a dépassé le stade primitif de l'utilité pour atteindre celui de la science et d'un art.

Le judo peut être résumé‚ par « l'élévation d'une simple technique à un principe de vie ».

Surmonter l'habitude d'employer la force contre la force est une des choses les plus difficiles de l'entraînement au Judo.

La Haute Valeur de l'Habilité et de la qualité de l'art ne peut s'obtenir qu'en s'élevant au dessus de la dualité de la compétition. L0'échec dans la compétition et l'entraînement ne doivent pas être une source de découragement où de désespoir, mais un signe de besoin d'une pratique plus grande et d'efforts plus soutenus.

L'Habilité est fonction d'une action inconsciente, automatique ; le contrôle conscient de toutes les actions est une chose impossible, car une entrée n'est possible que le temps d'un éclair.

De la subtilité dans la technique, de la finesse dans l'esthétique sont utiles pour l'efficacité de l'art et échappent à toute description.

A mesure que l'on progresse dans l'étude du Judo, le sens de la confiance en soi-même, base de l'équilibre mental, se développe.

L'adversaire est un partenaire nécessaire au progrès ; la vie de l'humanité est fondée sur cette base.

Ambitions et Rivalités soigneusement dosées sont les stimulants du Progrès, mais en trop grande quantité, elles deviennent des poisons destructifs.

Le meilleur usage que l'on puisse faire d'une épée est de ne pas l'employer; le plus mauvais, de s'en servir.

La valeur d'une chose dépend de la façon dont on l'aborde mentalement et non de la chose en elle-même.

Le principe de l'efficacité maximum quand on l'applique en vue de donner la clé de la vie sociale ou de la perfectionner aussi bien que quand on l'applique à la coordination de l'esprit et du corps (dans le sens de l'attaque et de la défense) demande en premier lieu ordre et harmonie parmi les membres en cause. Cela ne peut être obtenu que par les concessions qui conduisent à un bien être et à des bienfaits réciproques.

L'utilisation efficace de l'énergie n'est possible que si les individus du groupe coopèrent, au lieu comme il arrive souvent de s'opposer et de se combattre. La prospérité du groupe exige l'entraide. C'est seulement par l'entraide et les concessions mutuelles qu'un organisme en nombre, grand ou petit, peut trouver sa pleine harmonie et réaliser des progrès sérieux.
Le but général du judo est donc d'inculquer à l'homme une attitude de respect pour le principe de l'efficacité maximum et du bien être par la prospérité mutuelle et de le conduire à observer ces principes.«ON NE PEUT AIMER QUE DANS LE RESPECT DE CE QUE L'ON AIME» JIGORO  KANO

 

CONCLUSION

«Le Judo est une étude et un entraînement concernant l'esprit et le corps, aussi bien que la direction de la vie individuelle et des affaires. A la suite d'une étude approfondie des différentes méthodes d'attaque et de défense, je suis arrivé à cette conviction que tout cela dépend de l'application d'un principe absolument général qui est le suivant. Quel que soit l'objet que l'on a en vue, le meilleur moyen de l'atteindre est d'user de son corps et de son esprit à cette fin qui donne le maximum d'efficacité.»


De même que ce principe appliqué aux méthodes d'attaque et de défense constitue le jujutsu, ce même principe appliqué à la culture physique, mentale et morale, aussi bien qu'aux manières de vivre et de conduire ses affaires constitue l'étude de ces choses ou l'entraînement dans ces choses.
Le principe de l'efficacité maximum quand on l'applique en vue de donner la clé de la vie sociale ou de la perfectionner, aussi bien que quand on l'applique à la coordination de I'esprit et du corps - dans le sens de l'attaque et de la défense - demande en premier lieu l'ordre et l'harmonie parmi les membres, et cela ne peut être obtenu que par l'aide mutuelle et par les concessions qui conduisent à un bien-être et à des bénéfices réciproques.
Le but final du JUDO est donc d'inculquer à I'Homme une attitude de respect pour le principe de l'efficacité maximum et du bien-être et de la prospérité mutuels et de le conduire à observer ces principes.

La thèse de Yves Cadot " Kano Jigoro et l'élaboration du Judo" m'a été très utile pour réaliser ce document.

le 01 septembre 2008 André ANDERMATT CN 7ème dan

 

 

CONFERENCE de Jigoro KANO

L'ÉDUCATION PAR LE JUDO
par le Professeur JIGORO KANO, SHIHAN
Professeur Honoraire de l'Ecole Normale Supérieure
et membre de le Chambre des Pairs du Japon
Président du Kodokan (Institution pour l'étude et la pratique du Judo)
Premier fondateur du Judo et du Kodokan
Président Honoraire de l'Association Athlétique d'amateurs du Japon
(fondateur et ancien Président)

L'objet de cette conférence est de vous expliquer, d'une manière générale, ce que c'est que le Judo. A l'époque féodale, il y avait une quantité d'exercices guerriers tels que la lutte, le tir à l'arc, l'usage des lances, etc., etc. Parmi ces exercices, il y en avait un, appelé JIU-JITSU. C'était un exercice complexe qui comprenait principalement les moyens de combattre sans arme, tout en se servant à l'occasion de poignards, de sabres et autres armes. Les procédés d'attaque consistaient surtout à jeter, à frapper, à étrangler,. à immobiliser l'adversaire au sol, à courber ou à entrelacer ses bras ou ses jambes de manières à provoquer une douleur ou une fracture. On enseignait aussi l'usage du sabre et du poignard. Nous avions en même temps de nombreuses manières de nous défendre contre des attaques de ce genre. Cet exercice, dans sa forme primitive, existait dès notre époque mythologique, mais son enseignement systématique en tant qu'art date d'il y a 350 ans, à peu près.
Dans ma jeunesse, j'ai étudié cet art avec trois maîtres éminents de l'époque. Le grand profit que j'ai tiré de cette étude m'a conduit à la décision de m'adonner plus sérieusement à elle et c'est ainsi qu'en 1882 j'ai fondé moi-même une école que j'ai appelée KODOKAN. Kodokan signifie " une école pour étudier la manière ", le sens réel du mot manière étant la conception de la vie. J'ai appelé le sujet que j'enseigne JIUDO au lieu de JIU-JITSU (le professeur Jigoro Kano estime que les termes du JIUDO et JIUJUTSU sont préférables aux termes plus communément usités de JUDO et JIU JITSU - pour ne pas gêner le lecteur, nous conserverons le terme usité actuellement de JUDO, NDLR -). Je vous expliquerai d'abord la signification de ces mots : " jiu " signifie souple ou céder; " jiutsu " est un art ou un procédé, " do " le moyen ou le principe, de sorte que le Jiujutsu signifie un art, ou une pratique de la souplesse qui consiste à céder d'abord afin d'avoir la victoire finale. Judo signifie le moyen ou le principe de cette action.
Voyons maintenant ce que c'est que cette souplesse ou cet art de céder. Supposons que nous estimions la force d'un homme en unités. Admettons que la force de l'homme qui est en face soit représentée par 10 unités, tandis que ma force, moindre que la sienne, soit représentée par 7 unités. Dans ces conditions, s'il me pousse de toute sa force, je serai certainement poussé en arrière ou jeté au sol, même si je me sers de toute ma vigueur contre lui. Cela arriverait parce que je me serais servi de toute ma force contre lui, si je cède à sa force en retirant mon corps juste autant qu'il avait poussé et en prenant soin, en même temps, de garder mon équilibre, il sera forcé de se pencher en avant et de perdre ainsi son équilibre.
Dans cette nouvelle position, il peut être devenu si faible (non pas en force physique, mais à cause de sa position gênante) que sa force se trouve représentée à ce moment, disons par 3 unités au lieu de 10 unités normales. Mais pendant ce temps, moi-même, en gardant mon équilibre, j'ai conservé toute ma force qui était primitivement représentée par 7 unités. Je me trouve donc momentanément dans une position avantageuse et je peux triompher de mon adversaire en me servant seulement de la moitié de mes forces, soit 3 unités et demie contre ses 3 unités. Cela laisse à ma disposition la moitié de mes forces en cas de besoin. Si j'avais une
force supérieure à celle de mon adversaire, j'aurais pu naturellement le repousser, même dans ce cas, c'est-à-dire, si j'avais voulu le repousser et si j'avais eu le pouvoir de le faire, j'aurais dû tout de même céder d'abord parce qu'en procédant ainsi j'aurais grandement économisé mon énergie.
Voici un exemple simple de la manière dont on peut triompher de son adversaire en cédant. On peut donner d'autres exemples :
Supposons que mon adversaire essaie de courber mon corps dans l'intention de me faire tomber. Si je lui résistais, je serai sûrement jeté à terre, parce que la force que je puis lui opposer n'est pas suffisante pour triompher de la sienne. Mais si, au contraire, je lui cède, et si, en faisant cela, je tire mon adversaire laissant volontairement mon corps tomber au sol, je pourrai le jeter par terre très facilement. Autre exemple :
Supposons que nous nous promenions le long d'une route de montagne avec un précipice sur le côté et que cet homme ait subitement sauté sur moi en essayant de me jeter dans le précipice. En pareil cas, je ne pourrais pas éviter d'être jeté dans l'abîme si j'essaie de lui résister. Mais, au contraire, si je lui cède en faisant tourner mon corps et en tirant mon adversaire vers le précipice, je peux facilement le jeter pardessus bord et en même temps poser mon corps au sol.
Je pourrais multiplier ces exemples à l'infini, mais je pense que ceux que j'ai donnés seront suffisants pour vous permettre de comprendre comment je peux battre un adversaire en cédant, et comme il y a dans le jiujutsu un très grand nombre de cas dans lesquels le principe est appliqué, le nom de jiujutsu (c'est-à-dire l'art de la souplesse ou l'art de céder) est devenu le nom de cet art tout entier.
Mais à parler rigoureusement, le véritable jiujutsu est quelque chose de plus. Les moyens de gagner la victoire sur un adversaire par le jiujutsu ne consiste pas uniquement à obtenir la victoire en cédant d'abord. Quelquefois nous frappons, nous donnons des coups de pied, nous étranglons l'adversaire et ce sont là des formes différentes d'action positive opposées à l'art de céder. Quelquefois l'adversaire se saisit de mon poing. Comment puis-je me libérer sans user de ma force contre la prise de mon adversaire? On peut dire la même chose lorsque quelqu'un me saisit par derrière. Si donc le procédé qui consiste à céder ne peut pas expliquer toutes les méthodes dans le combat jiujutsu, y a-t-il un principe qui s'applique réellement à tous les cas ? Oui, il y en a un : c'est le principe de l'efficacité maxima dans l'usage de l'esprit et du corps et le jiujutsu n'est pas autre chose qu'une application de ce principe tout à fait général à l'attaque et à la défense.
Ce principe peut-il s'appliquer dans d'autres champs de l'activité humaine? Oui, le même principe peut s'appliquer à l'amélioration du corps, servir à le rendre fort, sain et utile, c'est ce qui constitue l'E.P. Il peut aussi être appliqué au développement de la force intellectuelle et morale. Il peut également être appliqué à l'amélioration du régime de nourriture, du vêtement, de l'habitation, de la vie de société, de l'activité d'affaires et ce qui constitue l'étude et l'entraînement concernant la manière de vivre. J'ai donné à ce principe d'une absolue généralité le nom de Judo. Ainsi le Judo, au sens large, est une étude, un procédé d'entraînement applicable à l'esprit et au corps aussi bien en ce qui concerne la direction de la vie et des affaires.
Le Judo, sous un de ses aspects, peut être étudié et pratiqué avec l'attaque et la défense pour objet. Avant que j'eus fondé le Kodokan, cette application du Judo à l'attaque et à la défense était seule étudiée et pratiquée au Japon sous le nom de jiujutsu. On l'appelait quelquefois Taijutsu, ce qui signifie l'art de diriger le corps ou Yawara, la direction souple. Mais j'acquis la conviction que l'étude du principe, dans toute sa généralité, est plus importante que la simple pratique du jiujutsu, parce que la réelle intelligence de ce principe ne nous permet pas seulement de l'appliquer à tous les aspects de la vie, mais nous rend encore de grands services dans l'étude de l'art du jiujutsu lui-même.
Ce n'est pas seulement par le procédé que j'ai suivi que l'on peut arriver à saisir ce principe. On peut arriver à la même conclusion par une interprétation philosophique des opérations quotidiennes en affaires ou par un raisonnement philosophique abstrait. Cependant, quand j'ai commencé à enseigner, je pensais qu'il convenait de suivre la même route que j'avais prise moi-même dans l'étude du sujet, parce qu'en procédant ainsi je pouvais rendre le corps de mon élève sain, fort et utile. En même temps, je pouvais l'aider peu à peu à saisir le principe lui-même dans toute son importance.
C'est pourquoi j'ai commencé l'enseignement du Judo par les exercices du RANDORI et du KATA.
Le RANDORI, mot qui signifie libre exercice, se pratique dans les conditions d'une lutte réelle. Il comprend les actes de jeter par terre, d'étouffer, de maintenir l'adversaire par terre, de courber ou de tordre ses bras ou ses jambes. Les deux combattants peuvent se servir de n'importe quel procédé, pourvu qu'ils ne se blessent pas l'un l'autre et qu'ils respectent les règles du jiudo en manière d'étiquette.
Le KATA, mot qui signifie littéralement " ferme " est un système formel d'exercices combinés d'avance, y compris les actes de frapper, de trancher, de donner des coups de pied, de percer, etc., etc. Selon les règles en vertu desquelles chaque combattant sait d'avance exactement ce que son adversaire va faire. L'entraînement aux actes de frapper, de donner des coups de pied, de trancher, de percer est enseigné en KATA et non en RANDORI, parce que si on en usait en randori, il pourrait se produire fréquemment des blessures, tandis que lorsqu'il est enseigné en kata, il ne peut se produire aucune blessure parce que toutes les attaques et défenses sont arrangées d'avance.
Le randori peut être pratiqué de différentes manières Si le but est simplement l'entraînement dans les méthodes d'attaque et de défense, l'attention doit spécialement être dirigée sur l'entraînement dans les moyens les plus efficaces pour jeter, courber, tordre, sans que l'on s'occupe spécialement de développer le corps ni la culture mentale et morale.
Mais le randori peut être aussi étudié avec l'E.P. pour principal objet. D'après ce que j'ai déjà dit, toute chose pour être mieux, doit être accomplie selon le principe de l'efficacité maximum. Nous allons voir maintenant comment les systèmes d'E.P. supportent cette épreuve. Si je prends l'athlétisme dans son ensemble, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il ne constitue pas la forme idéale d'E.P. parce que chaque mouvement n'est pas choisi en vue d'un développement complet du corps, mais en vue d'atteindre un autre objet spécial. Et, en outre, comme nous avons généralement besoin d'un équipement spécial et quelquefois de la participation d'un grand nombre de personnes, l'athlétisme convient à l'entraînement de groupes particuliers et ne constitue pas un moyen d'améliorer l'état physique de toute une nation. On peut dire la même chose de la boxe, de la lutte et de différentes espèces d'exercices militaires qui sont pratiqués dans le monde entier. Mais alors, on peut me demander : " Est-ce que la gymnastique ne constitue pas une forme idéale d'entraînement physique national ? ". A cela, je réponds qu'elle constitue une forme excellente d'éducation physique parce qu'elle est conçue pour un développement complet du corps et qu'elle n'exige pas nécessairement un équipement spécial ni un grand nombre de participants. Mais la gymnastique manque de certaines choses très importantes lorsqu'on a en vue l'éducation physique de toute une nation. Ces défauts sont les suivants :
1°) Il y a certains mouvements de gymnastique qui n'ont aucun sens et qui sont en eux-mêmes sans intérêt 2°) On ne tire aucun bénéfice indirect de cette sorte d'entraînement. 3°) On ne peut pas, en gymnastique, rechercher l'habileté aussi bien que dans certains autres exercices. De ce bref examen de l'ensemble du champ de l'éducation physique, je puis conclure que l'on n'a encore trouvé aucune méthode idéale qui réponde à toutes les conditions que l'on est en droit de poser. Cette méthode idéale ne peut être obtenue que par une étude fondée sur l'idée d'efficacité maximum. D'abord, pour remplir toutes ces conditions ou exigences, il faut créer un système de développement complet du corps, comme dans le cas de la gymnastique. Ensuite les mouvements doivent avoir une certaine signification de façon qu'ils éveillent l'intérêt. En outre, ses activités doivent être telles qu'elles ne demandent ni un grand espace, ni vêtement particulier, ni équipement spécial. De plus, ils doivent être de telle nature qu'ils puissent être faits individuellement aussi bien qu'en groupe.
Telles sont les conditions d'exigences d'un système satisfaisant d'éducation physique pour toute une nation. Tout système qui répond avec succès à ces exigences peut être considéré, à première vue comme un programme d'éducation physique fondé sur le principe de l'efficacité maximum.
J'ai étudié ce projet pendant longtemps et j'ai réussi à trouver une méthode dont on peut dire qu'elle remplit toutes ces exigences.
La première forme est ce que j'ai appelé la forme représentative. C'est un moyen de représenter les idées, les émotions et les différents mouvements des objets naturels par les mouvements des membres, du corps et du cou. La danse n'est qu'un cas parmi d'autres, mais à l'origine, la danse n'a pas été conçue comme ayant l'éducation physique comme objet et c'est pour ça qu'on ne peut pas dire qu'elle remplace les exigences dont nous avons parlé. Mais il est possible de concevoir des sortes spéciales de danses convenant aux personnes de sexe différent, aux conditions mentales et physiques différentes et conçues pour exprimer des sentiments et des idées morales, de telle sorte que tout en cultivant l'aspect spirituel d'une nation, elle puisse aussi développer le corps d'une manière qui convient à tous.
Cette forme représentative est pratiquée, je crois, d'une manière ou de l'autre, en Amérique et en Europe et vous pouvez imaginer ce que je veux dire. Je n'ai donc pas besoin d'insister sur ce point.
Il y a une autre forme que j'ai appelée la forme de l'attaque et de la défense. Dans celle-ci j'ai combiné différentes formes d'attaque et de défense de manière telle que le résultat conduira à l'harmonieux développement du corps tout entier. Les méthodes ordinaires d'attaque et de défense enseignées dans le jiujutsu ne peuvent pas être considérées comme idéales pour le développement du corps.
Je les ai donc spécialement combinées de façon qu'elles remplissent les conditions nécessaires pour le développement harmonieux du corps. J'obtiens ainsi deux résultats :
1°) Le développement du corps ;
2°) L'entraînement dans l'art de la lutte.
Comme toute nation doit songer à sa propre défense, tout individu doit savoir comment se défendre. En cet âge de lumière, personne ne doit se soucier de se préparer soit à une agression nationale, soit à l'exercice de la violence contre autrui. Mais la défense, dans l'intérêt de la justice et de l'humanité, ne doit jamais être négligée ni par une nation, ni par un individu.
Cette méthode de l'éducation physique sous la forme de l'attaque et de la défense, je vais vous montrer ce qu'elle est dans sa pratique réelle. Elle se divise en deux sortes d'exercices : d'un côté les exercices individuels et de l'autre les exercices avec un adversaire.
D'après ce que j'ai expliqué et montré par la pratique, vous avez certainement compris ce que j'entends par l'éducation physique fondée sur le principe de l'efficacité maximum. Quoi que je soutienne avec force que l'éducation de toute une nation doit se fonder sur ce principe, je n'entends pas pour autant diminuer le mérite de l'athlétisme ou des diverses sortes d'exercices militaires. Quoi qu'on ne puisse pas les considérer comme convenant à l'éducation physique de toute une nation, néanmoins, en tant que culture d'un groupe ou de certains groupes de personnes, ils ont leur valeur spéciale et je ne veux en aucune manière les décourager.
Je vous parlerai maintenant de l'aspect intellectuel du Judo. L'entraînement mental en Judo peut être réalisé par la méthode kata ou la méthode Randori, mais plutôt par la seconde. Comme le Randori est une compétition entre deux personnes qui se servent de toutes les ressources dont elles disposent et qui obéissent aux régies du Judo, les deux partenaires doivent toujours être en état d'alerte et chercher à découvrir les points faibles de l'adversaire en se tenant prêt à attaquer dés que l'occasion le permet. Une telle attitude d'esprit dans la recherche des moyens d'attaque tend à rendre l'élève attentif et franc, prudent et réfléchi dans toutes ses actions. En même temps, il est entraîné à prendre des décisions rapides ou si l'on n'agit pas promptement on perdra toujours l'occasion soit dans l'attaque soit dans la défense.
En outre, dans le Randori, chaque partenaire ne peut pas dire ce que son adversaire va faire, de sorte que chacun doit toujours être prêt à parer n'importe quelle attaque brusque tentée par l'autre. Habitué à cette attitude mentale, l'homme acquiert un haut degré de maîtrise de soi. L'exercice du pouvoir d'attention et d'observation dans la salle d'entraînement développe naturellement ce pouvoir qui est si utile dans la vie quotidienne.
Pour trouver les moyens de battre un adversaire, l'exercice des facultés d'imagination, de raisonnement et de jugement est indispensable et ces facultés se développent naturellement dans le Randori. En outre, comme l'étude du Randori est l'étude des relations qui existent entre deux adversaires rivaux, on peut tirer de cette étude des centaines de leçons utiles. Je me contenterai, pour le moment, de donner encore quelques exemples : dans le Randori, nous apprenons à l'élève à agir toujours selon le principe fondamental du jiudo, sans qu'il ait à considérer combien son adversaire peut lui sembler physiquement inférieur ou même s'il peut facilement par la simple force triompher de l'autre. S'il agit contre ce principe, l'adversaire ne sera pas convaincu de sa défaite, qu'elle qu'ait été la force brutale qu'on ait employée contre lui. Il est à peine nécessaire d'attirer votre attention sur le fait que le moyen de convaincre votre adversaire dans un argument n'est pas de remporter tel ou tel avantage sur lui en vertu de la puissance du savoir ou de la richesse, mais de le persuader en appliquant des régies invariables de logique. Cet enseignement que la persuasion et non la coercition est efficace - enseignement d'une si grande valeur dans la vie réelle - nous pouvons l'apprendre dans le Randori.
En outre, nous apprenons à notre disciple, quand il a recours à un procédé pour venir à bout de son adversaire, à n'employer juste que la quantité de se force qui est absolument nécessaire pour l'objet en question et nous le mettons en garde contre l'emploi de trop ou de trop peu de force. Il y a un grand nombre de cas dans lequel les gens échouent dans leur entreprise, simplement parce qu'ils vont trop loin, ne sachant où s'arrêter, et vice-versa.
Pour prendre encore un autre exemple, dans le Randori, nous enseignons à notre disciple, quand il se trouve en face d'un adversaire qui est follement excité, à gagner la victoire non pas en résistant directement à l'adversaire par la force et par la violence, mais en l'amusant jusqu'à ce que sa valeur même se soit dépensée.
L'utilité de cette attitude dans les transactions quotidiennes est évidente. Comme on le sait, il n'y a pas de raisonnement qui puisse nous être utile quand nous sommes en face d'une personne tellement agitée qu'elle a perdu le contrôle d'elle-même. Tout ce que nous avons à faire en pareil cas, est d'attendre jusqu'à ce que sa passion se soit épuisée d'elle-même. Tout cela nous l'apprenons dans la pratique du Randori. L'application de ses régies à la conduite des affaires quotidiennes est un sujet d'études très intéressant et a du prix comme entraînement intellectuel pour de jeunes esprits.
J'achèverai mon développement sur l'aspect intellectuel du Judo en parlant brièvement des moyens rationnels d'augmenter la connaissance et la puissance intellectuelle. Si nous observons avec soin l'état actuel des choses dans la société, nous constatons partout la manière dont nous dépensons sottement notre énergie dans le domaine de l'acquisition de la connaissance. Tout ce qui nous entoure nous fournit constamment des occasions d'obtenir des connaissances utiles et pourtant est-ce que nous ne négligeons pas de profiter de pareilles occasions ? Faisons-nous toujours le meilleur choix pour les livres, les revues et les journaux que nous lisons ? Ne constatons-nous pas souvent que l'énergie qui pourrait avoir été dépensée pour l'acquisition d'une connaissance utile, est souvent employée à l'acquisition d'une connaissance qui n'est pas seulement préjudiciable à nous-mêmes, mais aussi à la société ?
En dehors de l'acquisition d'une connaissance utile, nous devons chercher à améliorer nos facultés intellectuelles telle que la mémoire, l'attention, le jugement, le raisonnement, l'imagination, etc. Mais cela, nous ne devons pas le faire au hasard, mais conformément aux lois psychologiques de sorte que les rapports de ces facultés les unes avec les autres se maintiennent en bonne harmonie. C'est seulement en suivant fidèlement le principe de l'efficacité maximum - c'est-à-dire le Judo - que nous pouvons obtenir ce résultat d'accroître raisonnablement notre savoir et notre puissance intellectuelle.
Je vous parlerai maintenant de l'aspect moral du Judo. Je n'ai pas l'intention de parler de la discipline morale donnée aux élèves dans la salle d'exercices, comme l'observation des règles traditionnelles d'étiquette, le courage, la persévérance, la bienveillance, le respect des autres, l'impartialité et la loyauté qui ont tant d'importance dans les sports athlétiques dans le monde entier. L'entraînement dans le Judo a une signification morale particulière au Japon, par ce que le Judo, en même temps que les autres exercices guerriers, était pratiqué par nos Samouraïs, qui avaient un code raffiné de l'honneur, dont l'esprit nous a été légué à travers l'enseignement de cet art. A ce sujet, je voudrais vous expliquer comment le principe de l'efficacité maximum nous aide à améliorer la conduite morale. Il arrive qu'un homme soit très excitable et prompt à se mettre en colère pour des raisons insignifiantes. Mais quand il en vient à se rendre compte que le fait d'être excité constitue une dépense inutile d'énergie qui ne sert à personne et qui bien souvent fait du mal au sujet, aussi bien qu'aux autres personnes, l'élève de Judo doit éviter une pareille conduite.
Il arrive aussi qu'un individu soit découragé par suite d'une déception, soit triste, n'ait pas de courage au travail. En pareil cas, le Judo conseille de rechercher quelle est la meilleure ressource que l'on peut trouver dans les circonstances données. Si paradoxal que cela puisse paraître, un individu est, de mon point de vue, dans la même position que ce qui se trouve au zénith du succès. Dans l'un et l'autre cas, il n'y a qu'une méthode à suivre à savoir, taire ce qu'il pense être le mieux à ce moment. C'est ainsi que l'enseignement du Judo, peut-on dire conduit un homme du fond du découragement à un état d'activité énergique avec de brillante espérances d'avenir.
On peut raisonner de même pour les personnes qui sont dans un état de mécontentement. Les personnes mécontentes sont souvent dans un état d'esprit morose et blâment les autres gens au lieu de s'occuper de leurs propres affaires. L'enseignement du Judo fera comprendre à ces personnes qu'une pareille conduite est contraire au principe de l'efficacité maximum et les amènera à se rendre compte qu'en observant fidèlement ce principe, elles reprendront leur bonne humeur. Voilà comment l'enseignement du Judo peut, à bien des égards, aider à l'amélioration de l'attitude morale.
Finalement, je veux ajouter quelques mots concernant l'aspect émotionnel du Judo. Nous connaissons tous la sensation agréable que nous donnent les muscles par l'exercice, et nous éprouvons également du plaisir à obtenir de l'habileté dans l'usage de nos muscles et aussi par le sentiment de supériorité à l'égard des autres dans le combat. Mais, en dehors de ces plaisirs, il y en a un qui tient à ce fait que l'on prend des attitudes gracieuses, que l'on accomplit des mouvements qui ont de la grâce et que l'on voit les autres faire de même. Un entraînement donné à cet égard joint au plaisir que l'on peut éprouver à observer différents mouvements qui symbolisent des idées variées, voilà ce qui constitue ce que nous appelons le côté émotionnel ou esthétique du Judo.
Je crois que vous avez déjà réussi à voir ce qu'est en réalité le Judo en tant qu'il se distingue du ]iujutsu des temps féodaux.
Si maintenant je cherche à énoncer d'une façon concise ce que je vous ai expliqué, je le résumerai de la façon suivante :
Le Judo est une étude et un entraînement concernant l'esprit et le corps, aussi bien que la direction de la vie individuelle et des affaires. A la suite d'une étude approfondie des différentes méthodes d'attaque et de défense, je suis arrivé à cette conviction que tout cela dépend de l'application d'un principe absolument général qui est le suivant " Quel que soit l'objet que l'on a on vue, ce meilleur moyen de l'atteindre est d'user de son corps et de son esprit à cette fin qui donne le maximum d'efficacité ". De même que ce principe appliqué aux méthodes d'attaque et de défense constitue le jiujutsu, ce même principe appliqué à la culture physique, mentale et morale, aussi bien qu'aux manières de vivre et de conduire ses affaires constitue l'étude de ces choses ou l'entraînement dans ces choses.
Une fois qu'on a bien compris l'importance réelle de ce principe, il peut être appliqué à tous les aspects de la vie et de l'activité et nous permettre de mener la vie la plus haute et la plus rationnelle.
Pour comprendre vraiment ce principe, il n'est pas nécessaire de passer par l'entraînement concernant les méthodes d'attaque et de défense, mais comme je suis arrivé à concevoir cette idée par le moyen de l'entraînement dans ces méthodes, j'ai fait d'un pareil entraînement à la lutte et de l'entraînement pour le développement du corps, le moyen régulier d'atteindre le principe.
Le principe de l'efficacité maximum quand on l'applique en vue de donner la clé de la vie sociale ou de la perfectionner, aussi bien que quand on l'applique à la coordination de l'esprit et du corps - dans le sens de l'attaque et de la défense - demande en premier lieu l'ordre et l'harmonie parmi les membres, et cela ne peut être obtenu que par l'aide mutuelle et par les concessions qui conduisent à un bien-être et à des bénéfices réciproques.
Le but final du Judo est donc d'inculquer à l'homme une attitude de respect pour le principe de l'efficacité maxima et du bien-être et de la prospérité mutuels et de le conduire à observer ces principes.